Passage (2003), œuvre numérique d’Élaine Frigon qui repose sur un travail d’associations formelles en utilisant des actualités télévisées (le 11 septembre 2001) et des images familiales tournées en vidéo domestique, peut ainsi être situé dans le courant dérivé du surréalisme – osera-t-on l’appeler post-surréaliste? -, courant auquel appartient Lipsett, par exemple. Le collage, le montage par association, le bombardement d’images, les jeux Gathering Storm de David Rimmer sémantiques, voilà autant d’éléments qui incitent à placer le court métrage de Frigon dans cette lignée. On ne peut évidemment pas passer sous silence la propension de l’artiste à l’autofiction – ce qui la rapproche, par exemple, de Michèle Cournoyer – ni la forte tendance iconoclaste qui la situe au coeur de la dynamique du cinéma expérimental québécois récent. Head de Félix Dufour – Laperrière et Dominic-Étienne Simard, Western Sunburn de Karl Lemieux et La statua di Giordano Bruno de Pierre Hébert, pour ne citer que ces oeuvres, sont en effet construites sur la destruction d’images préexistantes, sur de véritables dispositifs d’abolition de la figuration.